Comment j’ai décidé de changer le monde un orgasme à la fois

Bonjour, je m’appelle Caroline, trentenaire, fière combinaison, souvent dysfonctionnelle, de la génération X et Y et entrepreneure de Montréal.

Intellectuellement et sexuellement allumée, je m’efforce de changer le monde un orgasme à la fois.

Changer le monde

Je n’ai pas trouvé de remède contre le vieillissement, le réchauffement climatique, la faim ou la violence. Non. Autrement, je serais probablement en train de me faire des copains à l’ONU à l’heure où vous lisez ces lignes.

Je crois que changer le monde ça signifie aussi, et surtout, AGIR pour améliorer les choses qui nous déçoivent du monde dans lequel nous vivons. Des petits gestes comme des grands. Il ne suffit que de mobiliser nos efforts pour l'améliorer.

La délinquance ce n’est pas le désespoir. C’est le goût de changer les choses. - Josée Yvon

Changer MON monde

En avril 2017, j’ai créé Rose Vertige. Rose Vertige est une petite entreprise qui a pour mission de propager un message de liberté et de réappropriation des femmes de leur pouvoir sexuel, tout simplement en parlant davantage de cet organe, de cette partie intime jamais reconnue à sa juste valeur: le clitoris. Au beau milieu des doubles standards, nous, les femmes, attachons, pour la plupart, très peu d’importance à notre sexualité et à nos besoins sexuels. Coincées entre ce que la société nous renvoie comme les normes acceptables et les contenus médiatiques hypersexualisés suggérant l’idée de modèles inatteignables, on a du mal à trouver notre place.

Dans le monde dans lequel je vis, on dit aux adolescentes de garder les cuisses fermées, qu’elles sont trop jeunes, que les méchants garçons vont abuser d’elles. On entretient un contexte de terreur, d’incompréhension. Surtout, on entretient une idée d’impureté. Alors que ces mêmes jeunes filles font leur éducation sexuelle sur internet, dans les cours d’écoles et dans les partys de sous-sol, on fait semblant à la maison, dans les classes, en société que leur sexualité n’existe pas.

Un peu plus tard, ces filles apprennent vite qu’elles doivent éviter les expériences ou les cacher à leurs pairs pour ne pas être jugées. Il ne faudrait pas que les autres pensent qu’elles sont des filles faciles, des pétasses ou je ne sais quoi d’autre parce qu’elles n’ont pas de partenaire unique ou parce qu’elles ont osé explorer leur corps, leurs envies, leurs désirs.

Et ensuite, on voudrait que, comme par magie, ces filles devenues jeunes femmes aient une sexualité comprise, voire épanouie?

Avec une telle hypocrisie, il me semble que nous, femmes, ne pouvons qu’avoir des doutes, des questions, de la honte, un manque de repères, voire même des dysfonctions.

Arrivées à l’âge adulte, nous, femmes, ne nous trouvons pas plus protégées de la désinformation reliée à notre sexualité. Quasi obsédées par notre apparence et convaincues qu’il faut avoir le corps parfait pour plaire, nous sommes bombardées d’héroïnes de séries télé aux vies sexuelles parfaites, aux libidos constantes et aux orgasmes simultanés avec leur partenaire procurés par le gentil, simple et socialement acceptable va-et-vient « pénis dans vagin ».

La fin d'un mythe : 1998

Des études récentes disent qu’encore 50% des jeunes filles de 15 ans ne savent pas qu’elles ont un clitoris, et seulement une poignée d’entre elles savent à quoi il sert. Pas étonnant! Puisque dans le monde dans lequel je vis, on a véritablement « découvert le clitoris » il n’y a pas encore 20 ans. WHAT!?!?

En effet, le clitoris, le vrai.

Celui-ci :

Le clitoris a été publié pour la première fois dans sa représentation la plus fidèle dans les manuels de biologie en 1998. Au Québec, encore aujourd’hui, en 2017, les manuels scolaires de biologie ne parlent pas du clitoris dans les chapitres concernant les organes sexuels de la femme.

Note : Pour ce qui est de la France, le clitoris a fait son apparition dans les manuels scolaires seulement cette année.

On ne choisit pas la cause, c’est elle qui nous choisit

Lorsque je me suis rendue compte à quel point le clitoris était invisible, absent du discours, absent de la vie des femmes, je me suis inquiétée. J’ai eu une envie incontrôlable de partager la bonne nouvelle :

« NOUS AVONS TROUVÉ UNE CHOSE MERVEILLEUSE qui nous aidera à JOUIR, OUI JOUIR, donc à :

· réduire le stress,

· améliorer la qualité du sommeil,

· renforcer le système immunitaire,

· améliorer la circulation sanguine,

· amener la bonne humeur, et surtout

· contribuer à une plus forte confiance en soi.

Toutes de bonnes raisons d'être plus heureuses! »

J’ai toujours été intrinsèquement convaincue par l’idée que si les femmes étaient plus à l’aise, plus heureuse, dans leur sphère sexuelle, elles le seraient davantage dans les autres sphères de leur vie. Leur sphère sociale d’emblée, mais aussi leur sphère professionnelle.

On convainc les femmes depuis le début des temps que la confiance en elle et le bien être peuvent passer par une belle coupe de cheveux, de beaux vêtements, une belle dentition blanche…. Mais si je les convainquais que ça passe aussi par leur jouissance?

Il me semblait clair qu’il fallait que je trouve la façon de le dire au plus grand nombre. Que j’annonce la bonne nouvelle à la Terre entière. Aux femmes autant qu’aux hommes.

J’aurais voulu le dire les seins libres telle une Femen, mais je n’ai pas cette fibre de la militante sextiviste et je suis encore super prude.

Photographie : www.femen.org

J’aurais voulu le dire artistiquement telle une MissMe avec sa propagande Pussylluminati, mais je n’ai pas de talent en art visuel.

Photographie : www.galeriecoa.com

J’aurais voulu le raconter avec un mélange d’humour et de provocation telle une Mariana Mazza, mais je n’ai jamais fait de stand-up comique.

Photographie: www.yulorama.com

Alors j’ai décidé de le dire de la façon qui m’appartenait, celle que je connaissais.

L’entrepreneuriat.

Quand la militante rencontre l’entrepreneure

Il n’y a pas si longtemps, j’étais conseillère entrepreneuriale. J’ai également été mentore chez Futurpreneur Canada, au Coopérathon 2017 et membre de différents jurys pour des concours entrepreneuriaux. J’ai aussi remporté deux éditions du Startup Weekend en 2016 et 2017.

Tout ça pour dire que des entrepreneurs et des projets inspirants, j’en ai vu.

C’est l’entrepreneuriat qui m’a le plus appris sur les façons de changer le monde. J'ai fait beaucoup de bénévolat dans ma vie. J’ai participé à des levées de fonds, j’ai dansé dans des soupers spaghettis et j’ai siégé dans divers comités citoyens, mais rien ne m'a jamais autant convaincue qu'il était possible de changer le monde qu’en développant des modèles d'affaires viables autour de ces causes.

Alors, je me suis questionnée à savoir comment amener les femmes à accorder plus d’importance à la connexion avec leur intimité, à consacrer plus de temps à celle-ci, à augmenter la fréquence et la qualité de leurs orgasmes et, par le fait même, la qualité de leur vie.

Créer un prétexte

Par une série d’actions, je voulais donc insuffler aux femmes, le désir de prendre soin de leur sphère sexuelle. Comme première action, il fallait créer un prétexte pour parler aux femmes de leur sexualité, de leur clitoris, tout en générant des revenus afin que l'initiative survive financièrement.

C’est ainsi que j’ai eu l’idée de créer le gel récréatif clitoridien Rose Vertige. Un produit qui met en vedette le clitoris et qui lui rend hommage. À la fois un lubrifiant et un stimulant pour la zone clitoridienne, le gel propose de petites sensations de chaleur. L’ingrédient actif provoque une réaction des tissus érectiles du clitoris qui se gorgent alors de sang, favorisant ainsi la sensibilité et la production de lubrification naturelle. Un excellent prétexte pour passer du temps, seule ou avec son(sa) partenaire, à jouir un bon coup!

Dans un prochain article, je vous raconterai comment j’ai créé le gel clitoridien parfait. Composé d’ingrédients locaux 100% naturels, en grande majorité biologiques. Un produit le plus écologique et le plus socio-responsable possible!

La suite de l’histoire Maintenant que le produit est lancé et que les ventes ont débuté, je peux utiliser les revenus pour créer d’autres projets ayant pour objectif d’ouvrir le dialogue, tant au niveau des femmes que des hommes en passant par l’éducation des jeunes.

1$ par produit vendu est consacré à l’organisation d'un grand séminaire où l’on invitera les jeunes filles et les jeunes garçons, à venir démystifier leur sexualité avec des panels d’experts, des groupes de discussion et des ateliers ludiques, mais surtout de l’information de qualité, non biaisée, actuelle et pertinente pour la réalité des jeunes.

D’autre part, pour encourager les femmes à construire leur sphère sexuelle, Rose Vertige a pour ambition de développer des outils pour favoriser la connexion avec l’intimité.

Sous peu, nous aurons des balados de nouvelles érotiques, des produits aromatiques complémentaires, un forum de discussion et une tournée de conférences avec des sexologues.

Je n’ai pas la prétention de dire ou de penser que je détiens toute la vérité du clitoris. Je n'ai pas dit non plus que mes orgasmes sont meilleurs que les vôtres ou que ma vie sexuelle est plus excitante que la vôtre. Non, pas du tout. Mais en créant Rose Vertige, je me donne l’occasion et le droit d’explorer cet univers et de partager mes découvertes, mes constats, mes trucs, mes idées et mes valeurs avec les autres femmes, en espérant qu'elles en feront autant!